La Vie de Château

La Vie de Château

Vous avez certainement aperçu à plusieurs reprises le château situé au fond du parc Jacques Duclos, mais connaissez-vous son histoire ?

Un château, des propriétaires

Le château fut construit par le seigneur Pierre Séguier en 1553, dont la famille restera propriétaire pendant plus de 200 ans.
Au milieu du XIXe siècle, il devient la propriété du baron Louis Napoléon Laëtitia Charles de Ladoucette et de son épouse la baronne Emilie-Victorine Thibault, devenue baronne de Ladoucette .
Estimant que le fait d’être privilégiée impliquait des responsabilités vis-à-vis de ceux qui sont dans le besoin, la baronne, alors présidente de « l’œuvre des patronages de jeunes filles » décide de créer l’Asile de Drancy, un orphelinat.
A la suite du décès de son mari en 1869 à Paris, la baronne reste au château. Elle se verra néanmoins obligée de le quitter au début de la guerre 1870, où elle « fuit devant l’invasion prussienne ». Quelques mois après la bataille du Bourget de 1870, le château est détruit. La baronne rachète alors la part des héritiers de son défunt mari dans le but de le reconstruire.

Maison d’accueil, utilité publique

Le 26 juin 1872, la baronne décide de confier l’asile de Drancy à la supérieure des sœurs de Saint-Vincent-de-Paul.
Le château, qui à l’époque compte 80 places, se transforme en « maison d’accueil » pour jeunes filles issues de milieux sociaux défavorisés. Ces filles, d’âge scolaire, sont élevées gratuitement tandis que d’autres reçoivent, en échange d’une pension, une éducation religieuse et une formation professionnelle en lingerie fine.
La baronne fait don de tout ses biens à l’asile de Drancy et parachève ainsi son entreprise caritative. L’asile est alors reconnu, « établissement d’utilité publique » le 3 avril 1894 par un décret signé du Président de la République Sadi Carnot et du ministre de l’Intérieur M. Raynal.
Trois années plus tard, en 1897, la baronne décède dans sa villa de Cannes. Son corps est embaumé puis inhumé dans un mausolée édifié par elle-même, au cœur du parc Jacques Duclos. Il en sera ôté au moment où le parc devient municipal, pour rejoindre le cimetière parisien.

De l’école à la maison de convalescence

En 1901, au cours d’un conseil d’administration à l’asile de Drancy, sœur Récamier expose l’intérêt qu’aurait la création d’une école ménagère. Le conseil accepte sa requête et décide de faire un test avec des jeunes filles de plus de 15 ans. L’essai sera concluant, puisque l’on comptera jusqu’à 19 ouvrières. L’établissement va peu à peu se transformer en maison de convalescence et recevoir au cours de l’année 1913 plusieurs jeunes filles atteintes de fièvre typhoïde, d’anémie et certaines filles qui se relèvent d’opérations nécessitant du repos.

14-18, le temps de la guerre

La première guerre mondiale va entraîner la fermeture de la maison de convalescence. Les pensionnaires sont envoyées en province ou dans leur famille. Une fois le château vidé, il va servir d’annexe au dépôt de blessés de La Courneuve.
Nous sommes en 1914 lorsque L’infirmerie militaire ouvre ses portes au château, elle ne les refermera qu’en 1919. Durant ces quatre années, les bombardements sont fréquents, meurtriers et vont mettre le château dans un triste état (vitres brisées, murs détruits). Ce n’est qu’en 1920 que le château va reprendre un rythme de vie normal, on y compte 60 enfants hospitalisés et 18 ouvrières en lingerie fine.

39-45 deuxième guerre mondiale

Au lendemain de la déclaration de guerre, le parc du château va être réquisitionné dans le but d’y créer des tranchées.
Malgré tous les événements, l’asile va poursuivre son œuvre de bienfaisance, notamment en juin 1940 lorsque la municipalité lui confie une vingtaine de vieillards abandonnés, des réfugiés ou encore des gens récupérés dans la rue. Après l’orphelinat, la maison d’accueil et l’infirmerie, le château devient « centre d’hébergement ».
Le 26 août 1944, le château va de nouveau vivre un moment terrible, lorsque les avions ennemis en guise de cadeau d’adieu déchargent plusieurs bombes, ne faisant aucune victime mais causant d’importants dégâts matériels qui par la suite entraîneront une période délicate pour l’asile. Ce sont les travaux de lingerie fine réalisés pour les grands magasins comme les galeries Lafayette, Printemps ou encore le Bon marché, vont remettre le château à flot. Suite à cela, il est adapté en « atelier professionnel » et sera reconnu et affilié à « l’œuvre des ateliers professionnels de Paris ». Plus tard , l’atelier deviendra une « école technique privée ».

L’institut Médico-Pédagogique

En 1953, sœur Thibierge fait part au conseil d’administration de son projet de transformer l’institut de jeunes filles en institut Médico-Pédagogique réservé à des filles atteintes de légères débilités mentales, appartenant à un milieu social défavorisé. Le conseil approuve le projet, mais ne recevra l’autorisation d’ouvrir l’institut que le 10 novembre 1955. Il y reçoit 40 pensionnaires âgées de 14 à 18 ans, avec pour critère un quotient intellectuel compris entre 70 et 80.
Leur passage a été des plus bénéfiques, puisque la plupart d’entre elles a pu ensuite exercer une activité professionnelle, comme l’indique une enquête réalisée en 1971.

Le passage de témoin

Le 14 septembre 1973, un décret ministériel autorise la société philanthropique (association reconnue d’utilité publique) à accepter l’actif de la fondation de « l’asile de Drancy » dont la dissolution a été approuvée par ce même décret. Ne pouvant plus assurer la tenue des comptes pour l’entretien des immeubles et la gestion des différentes œuvres, c’est désormais la société philanthropique qui assure la gestion de l’institut médico-Pédagogique.
En 1975, 20 ans après la création de l’institut, la communauté des religieuses de Saint-Vincent-de-Paul quitte définitivement Drancy.

Le château aujourd’hui

A ce jour, la propriété appartient toujours à la société philanthropique, l’institut Médico-Pédagogique est toujours en place sous le nom d’IME (Institut Médico-Educatif).

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