Des quartiers, une histoire

Des quartiers, une histoire

Au recensement de 1999, la ville compte 62 213 habitants répartis sur 776 hectares. Très étendue, Drancy se compose de neuf quartiers distincts à l’histoire spécifique. Récit.

es appellations actuelles des quartiers sont pour la majorité relativement récentes. Deux secteurs forment Drancy depuis le XIIIe siècle. Il s’agit du château et ses alentours composant le Grand Drancy qui deviendra plus tard le Vieux Drancy, par opposition aux constructions nouvelles, aujourd’hui Drancy centre. L’autre partie du bourg, appelée Petit Drancy – Les Noues (les marais) accueille la maison forte, c’est-à-dire la ferme, aujourd’hui remplacée par l’opticien, à l’angle de la rue Roger Salengro et du boulevard Saint-Simon.
C’est en fait l’entrée dans le XXe siècle et le développement des transports qui amènent, avec les gares du Bourget et de Drancy, les premiers quartiers nouveaux, sous forme d’habitat moderne, destiné à l’ouvrier.

À travers l’Office Public des Habitations à Bon Marché (Ophbm), la première tranche de Drancy centre est lancée dès 1920, avec notamment les cités-jardins. Ces maisons individuelles en briques, couvertes de tuiles et accolées, agrémentées d’espaces verts, sont destinées à offrir un environnement social valorisant aux familles des « travailleurs ». Une seconde tranche d’habitat « petit collectif », améliorée par des bains-douches, est terminée cinq ans plus tard. Dans le même esprit et face à la crise du logement, l’Ophbm construit au lieu-dit « La Muette » un ensemble de cinq tours de 14 étages rattachées par des immeubles de 4 étages. Véritable révolution, ce « Peigne » comporte 1250 logements. Mais, en raison de nombreuses malfaçons et face aux loyers trop élevés, ils sont rapidement délaissés par les locataires. Inachevée, la « Cour d’entrée » servira dès 1939 de camp d’internement puis d’antichambre de la mort. Le quartier a conservé le nom de La Muette, dont on ne connaît pas l’origine mais qui n’a aucun rapport avec les années noires.
C’est également la construction qui donne leurs noms à d’autres quartiers, entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. En effet, parallèlement à l’Ophbm, d’importants promoteurs font miroiter les bienfaits d’une propriété privée « au grand air », d’où le choix évocateur de Paris-Campagne, des Oiseaux ou de Village parisien. Pour les acquéreurs, la réalité s’avère bien éloignée des affirmations philanthropiques des lotisseurs. Les maisons des nouveaux Drancéens sont bâties « dans des chemins de terre, souvent appelés pompeusement rues, de deux pieds de boue noirâtre en hiver, de poussière noire en été ».

Les bienfaits du « grand air »

Au début du siècle, un autre quartier situé à l’ouest, à trois kilomètres du centre, ne compte que quelques dizaines d’habitants. Dans les années 1920, monsieur Laurent, propriétaire d’un terrain qu’il a parcellisé, en confie la gestion à son ami monsieur Chave. Ce dernier, qui réside dans une maison ayant l’eau courante et l’électricité, donne son nom au quartier. Mais, en réponse et par autodérision, les habitants, immigrés espagnols qui occupent des bicoques dépourvues de tout confort, nomment le secteur « quartier nègre ». Pour donner une meilleure image au quartier et attirer le client, les lotisseurs le rebaptisent Avenir parisien, vantant ainsi l’attrait de ce charmant endroit campagnard situé à seulement « une lieue et demie de la capitale ». Même démarche pour l’Économie où le terrain très marécageux est vendu à un prix défiant toute concurrence. Rue de la Mutualité par exemple, en 1920, le mètre carré vaut 10 francs, alors que la même surface coûte 14 francs avenue Henri Barbusse, 50 francs rue Anatole France et …200 francs avenue Marceau !
Quant au quartier de La Mare, si son origine ne trouve pas d’explication précise, on peut supposer avec raison que ce nom provient de la nature du sol, fait de sables et de mares, attirant différentes espèces d’animaux. Certains lieux-dits comme la mare aux grenouilles, justement située dans ce quartier, ou la mare Cheron, la mare aux Huats, les mares jumelles, le cimetière aux chevaux, dans les autres quartiers, en attestent. Mais ceci est une autre histoire.

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