Des fouilles révélatrices

Des fouilles révélatrices

À l’emplacement du nouveau collège Paul Bert des fouilles avaient été entreprises par la Mission archéologique de la Seine-Saint-Denis. Elles lèvent un petit coin du voile sur ce que fut Drancy, il y a très longtemps…

Notre passé nous attend, reposant sagement à quelques dizaines de centimètres sous nos pieds. C’est la raison pour laquelle la Mission archéologique du Conseil général, en préalable à tout chantier d’importance, vient jeter un coup d’oeil sur les lieux, histoire que les pelleteuses ne fassent pas disparaître à jamais les traces de nos ancêtres.

Le terrain où sera édifié le futur collège Paul Bert promettait d’être riche en découverte. Il est en effet situé à quelques encablures des deux autres lieux où des vestiges ont été retrouvés ces dernières années. Le premier, à l’angle des rues Charles Gide et de la République, avait révélé des traces de périphérie d’habitations datant du IXe au XIIe siècle. Les « Drancéens » de l’époque vivaient sans doute un peu plus loin. Mais où ? La construction de l’école Dulcie September permit d’organiser un second lieu de fouilles. Une zone d’habitat était bien mise à jour, mais datant du Ier siècle avant J.C. au Ve siècle. Les restes d’une cave en pierre étaient là pour en témoigner. Alors qu’allait-on trouver sous les 6000 m2 de terrain situés derrière la caserne des pompiers ? De novembre à mars, une équipe de la Mission archéologique a creusé et ratissé le périmètre.

Ironie du sort, les éléments mis à jour peuvent être datés de diverses époques, différentes des deux autres chantiers. Une fosse comblée par des résidus de travail du métal ainsi qu’une sépulture dans laquelle reposait le squelette d’une femme allongée sur le ventre attestent de l’occupation du lieu à l’époque des Gaulois, vers le IVe siècle avant J.C. Il s’agit donc bien des plus anciens vestiges découverts à Drancy. À peine quelques encablures plus loin, les archéologues ont découvert six fonds de petites cabanes, avec les emplacements des poteaux de bois qui soutenaient la toiture, ainsi que des fossés parcellaires. Ils datent du haut Moyen âge, c’est-à-dire entre le Ve et le Xe siècle. Ici encore, tout laisse à penser que cet espace, peut-être à vocation artisanale, se situe en périphérie d’une zone d’habitation. Les cabanes dans lesquelles vivaient nos ancêtres étaient en effet bien plus vastes.

Les trois sites attestent bien que depuis les Gaulois, il y a sans doute toujours eu des habitants sur le territoire du futur Drancy. Il serait particulièrement intéressant de retrouver ces différents lieux de vie, notamment ceux datant du haut Moyen âge. Il ne reste en effet que très peu de témoignages sur cette longue période, demi-millénaire, comprise entre la chute de l’Empire romain d’occident (476) et la prise de pouvoir des Capétiens (987). Ce fut en fait une ère de décadence politique, artistique ou encore économique : la féodalité avait mis fin au pouvoir centralisé hérité de l’empire romain, sans pour autant y substituer un autre régime fort.

Durant ces temps obscurs, toutes les formes d’artisanat connurent un déclin important, hormis peut-être la métallurgie, toujours essentielle en temps de guerre. Cette disparition des savoirs populaires est une des raisons primordiales de la méconnaissance que nous pouvons avoir de cette période. De plus, très peu d’écrits en langue romane ont subsisté et le travail de la pierre, qui est une grande source de connaissances, avait presque disparu. Comme les sites découverts à Drancy l’attestent, les maisons antiques, bâties en pierre, avaient laissé la place aux cabanes en bois, périssables, par définition.
Il y a fort à parier que sous la cité-jardin, d’autres vestiges attendent tranquillement d’être révélés. Peut-être même découvrira-t-on un jour un trésor sous la Perception de la rue Salengro !

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